Add parallel Print Page Options

»Le sort de l'homme sur la terre n’est-il pas celui d'un soldat,

et sa vie n’est-elle pas celle d'un ouvrier?

L'esclave aspire à jouir de l'ombre

et l’ouvrier attend son salaire.

De même, j’ai hérité de mois de douleur,

on m’a attribué des nuits de souffrance.

Je me couche en disant:

‘Quand pourrai-je me lever?’ Le soir se prolonge

et je suis rassasié d'insomnies jusqu'au lever du jour.

Mon corps se couvre de vers et d'une croûte terreuse,

ma peau s’est crevassée et se décompose.

Plus rapides que la navette d’un tisserand,

mes jours s'évanouissent: plus d'espérance!

»Mon Dieu, souviens-toi que ma vie est un simple souffle!

Mes yeux ne reverront pas le bonheur.

L'œil qui me regarde ne me verra plus.

Ton œil me cherchera, et je ne serai plus là.

Pareil à un nuage qui se dissipe et s'en va,

celui qui descend au séjour des morts n’en remontera pas.

10 Il ne reviendra plus chez lui

et son domicile ne le connaîtra plus.

11 C'est pourquoi je ne me retiendrai pas.

Je parlerai, dans la détresse de mon esprit;

je me plaindrai, dans l'amertume de mon âme.

12 »Suis-je une mer ou un monstre marin,

pour que tu places des gardes autour de moi?

13 Quand je me dis: ‘Mon divan me soulagera,

mon lit calmera mes douleurs’,

14 tu m'effraies par des rêves,

tu m’assailles de visions.

15 Je voudrais être étranglé,

je voudrais mourir plutôt que d’être réduit à l’état de squelette!

16 Je suis dégoûté! Je n’en ai plus pour longtemps.

Laisse-moi, car ma vie est sans consistance.

17 »Qu'est-ce que l'homme, pour que tu fasses tant de cas de lui,

pour que tu lui portes tant d’attention,

18 pour que tu le visites tous les matins,

pour que tu le mettes à l'épreuve à chaque instant?

19 Quand cesseras-tu de me fixer du regard?

Quand me laisseras-tu le temps d'avaler ma salive?

20 Si j'ai péché, qu'ai-je pu te faire, gardien des hommes?

Pourquoi m’as-tu pris pour cible?

Pourquoi te serais-je à charge?

21 Pourquoi ne pardonnes-tu pas ma transgression

et n'oublies-tu pas ma faute?

En effet, je vais bientôt me coucher dans la poussière.

Tu auras beau me chercher de bon matin, je ne serai plus là!»

Pourquoi la souffrance ?

Le sort de l’homme sur la terre |est celui d’un soldat

et ses jours sont semblables |à ceux d’un mercenaire.
Il est comme un esclave |qui soupire après l’ombre[a]
et comme un ouvrier |qui attend son salaire.
J’ai reçu en partage |des mois de déception,
j’ai trouvé dans mon lot |des nuits de peine amère.
Dès que je suis couché, je dis : |« Quand vais-je me lever ? »
Sitôt levé, je pense : |« Quand donc viendra le soir[b] ? »
Et, jusqu’au crépuscule, |je suis agité de douleurs.
Mon corps est couvert de vermine |et de croûtes terreuses,
ma peau s’est crevassée, |partout, mes plaies suppurent.
Mes jours se sont enfuis |plus rapides que la navette |d’un tisserand habile.
Ils tirent à leur fin |sans qu’il y ait d’espoir.

Rappelle-toi, ô Dieu, |que ma vie n’est qu’un souffle
et que jamais mes yeux |ne reverront plus le bonheur.
Oui, l’œil qui me regarde |ne pourra plus me voir,
tes yeux me chercheront |et j’aurai disparu.
Tout comme une nuée |qui se dissipe et passe,
l’homme va dans la tombe[c] |pour n’en plus remonter.
10 Il ne reviendra plus |dans sa maison
et sa demeure même |ne le reconnaît plus.
11 C’est pourquoi je ne veux |plus réfréner ma langue,
je parlerai |dans ma détresse,
je me lamenterai |car mon cœur est amer.
12 Suis-je donc une mer |ou un monstre marin
pour que tu établisses |contre moi, une garde[d] ?
13 Si je me dis : |« Mon lit m’apaisera,
ma couche m’aidera |à porter ma douleur »,
14 alors tu m’épouvantes |par d’affreux cauchemars
et tu me terrifies |par des visions nocturnes.
15 J’aimerais mieux être étranglé,
la mort vaudrait bien mieux |que vivre dans ces os.
16 Je suis plein de dégoût ! |Je ne durerai pas toujours.
Laisse-moi donc tranquille : |ma vie est si fragile.

17 Qu’est-ce que l’homme, |pour que tu fasses |un si grand cas de lui,
et pour que tu lui prêtes |une telle attention,
18 pour que tu l’examines |matin après matin,
et pour qu’à chaque instant |tu viennes l’éprouver ?
19 Quand détourneras-tu |enfin tes yeux de moi ?
Ne lâcheras-tu pas |un instant ton étreinte, |ne fût-ce que le temps |d’avaler ma salive ?
20 Et puis même si j’ai péché, |que t’ai-je fait, à toi, |censeur des hommes ?
Pourquoi donc m’as-tu pris pour cible ?
Suis-je devenu une charge[e] ?
21 Pourquoi ne veux-tu pas |pardonner mon offense
et ne passes-tu pas |sur mon iniquité ?
Bientôt j’irai dormir |au sein de la poussière
et tu me chercheras, |mais je ne serai plus.

Footnotes

  1. 7.2 C’est-à-dire le soir, qui apporte fraîcheur et repos après le travail du jour.
  2. 7.4 Sitôt levé … le soir : d’après l’ancienne version grecque ; le texte hébreu traditionnel a : le soir tarde à venir.
  3. 7.9 Autre traduction : dans le séjour des morts.
  4. 7.12 Le monstre marin : image des puissances souvent hostiles à Dieu et pourtant domptées par le Seigneur (voir 3.8 et note).
  5. 7.20 D’après quelques manuscrits du texte hébreu traditionnel, une ancienne tradition de copistes et l’ancienne version grecque. La plupart des manuscrits du texte hébreu traditionnel ont : je suis devenu une charge pour moi-même.